Analyses du sol

L'analyse du sol est un moyen efficace pour déterminer les besoins en engrais des cultures annuelles et pérennes. L'analyse du sol nous permet de comprendre la fertilité du sol dans les champs, ce qui sert de base pour déterminer les besoins en engrais pour les nouvelles plantations et les plantations établies. Les recommandations en matière de fertilité du sol pour les grandes cultures, les légumes et les nouveaux vergers reposent en grande partie sur les analyses de sol. Cependant, les prélèvements de tissus foliaires et pétiolaires sont des méthodes efficaces pour les fruits tendres et de verger et permettent de gérer les carences ou la toxicité des éléments nutritifs dans les vergers établis. Plus précisément, les analyses de sol permettent de déterminer 1) les besoins en engrais, 2) le pH du sol et les besoins en chaux, 3) l'aptitude à l'épandage de biosolides, 4) l'aptitude à l'utilisation d'herbicides spécifiques, et 5) l'identification des problématiques liées au sol dans les cultures agricoles.

En Ontario, les analyses de sol sont effectuées par des laboratoires commerciaux à l’aide des méthodes reconnues officiellement par le MAAARO. Il n’existe pas de méthodes reconnues par le MAAARO pour doser le bore, le cuivre, le fer ou le molybdène dans le sol. En règle générale, les analyses de tissus végétaux sont un meilleur outil pour détecter d’éventuelles carences liées à ces oligo-éléments.

L’analyse de l'ammonium et des nitrates dans le sol est également offerte par la plupart des laboratoires accrédités. Une liste des laboratoires d'analyse des sols accrédités par le MAAARO est accessible en ligne : Laboratoires d'analyse des aliments et des fourrages, des tissus des pétioles, des feuilles et du sol | ontario.ca

Méthode de prélèvement 

L'échantillonnage d'un sol représentatif est la première étape pour obtenir des estimations précises et utiles quant à la fertilité moyenne du champ. La justesse des résultats d’analyse et des recommandations de fertilisation qui en résultent dépend du soin qu’on met à prélever les carottes de terre, à constituer les échantillons et à les conditionner en vue de leur envoi au laboratoire. Pour commencer la prise d’échantillons, on doit avoir en main : 

• une sonde tubulaire ou une pelle;
• un seau en plastique propre; éviter d’utiliser un seau en métal galvanisé, car les composés de ce genre de matériau contamineront l’échantillon et fausseront le titrage des oligo-éléments, en particulier celui du zinc;
• des sacs et des boîtes à échantillons, généralement fournis par les laboratoires;
• un stylo ou un marqueur.

Période d'échantdillonnage

Prélever des échantillons dans chacun des champs tous les deux ou trois ans afin d’établir un programme de fertilisation approprié. Prélever des échantillons dans les zones à problèmes, durant la saison de croissance, afin de déterminer s’il s’agit d’un problème nutritionnel. Lorsqu’on a recours aux analyses de sol pour diagnostiquer un problème, prélever un échantillon dans la zone qui présente un problème et le comparer avec un échantillon prélevé dans une section normale du même champ.

Les sols peuvent être échantillonnés à n'importe quel moment de l'année, mais l'été ou l'automne sont souvent les périodes les plus propices. Prendre l’habitude de prélever les échantillons à la même époque chaque année afin d’obtenir des résultats d’analyse plus directement comparables. La période qui suit la récolte du blé est souvent un moment tout indiqué, au sein d’une rotation, pour prendre des échantillons. Le prélèvement à la fin de l’été ou en automne est idéal dans les champs qui vont être mis en culture au printemps. Toutefois, pour l'azote des nitrates (NO3-N) et l'azote ammoniacal (NH4+N), les échantillons de sol sont prélevés aussi près que possible de la date de plantation (par exemple, avant la plantation ou avant l'épandage en bandes latérales du maïs).

Lieu d'échantillonnage

Échantillonner séparément chaque champ. Si les champs sont très étendus ou peu uniformes, on doit les diviser en parcelles. Chaque parcelle devrait être relativement homogène du point de vue de la texture du sol, de la topographie, de la matière organique et des antécédents culturaux.

Les carences en oligo-éléments se manifestent souvent par endroits distincts, peu étendus, au sein d’une parcelle. En pareil cas, il est peu probable qu’un échantillon de sol ou de tissus végétaux représentatif de l’ensemble de la parcelle permette de déceler une carence localisée. Un échantillon distinct doit être constitué pour les zones à problème. En outre, il est recommandé de prendre un échantillon dans une zone du champ adjacente (qui servira de base de comparaison).

En vue d’une analyse de sol de base, prélever les carottes de sol à une profondeur de 15 cm (6 po). En vue d’un dosage de l’azote sous forme de nitrates, prélever les carottes de sol à 30 cm (12 po) de profondeur. Pour un champ d’au plus 5 ha (12 acres), l’échantillon doit être constitué d’au moins 20 carottes. Pour les champs plus grands, augmenter le nombre de carottes en proportion. La mesure de la fertilité fournie par l’analyse de l’échantillon sera d’autant plus fiable que celui-ci sera constitué de carottes plus nombreuses. Aucun échantillon ne devrait représenter plus de 10 ha (25 acres).

Parcourir la parcelle en zigzag de manière à bien répartir les points de prélèvement. Éviter de prélever des carottes dans les bandes d’une fertilisation récente, dans les dérayures, à proximité d’une route de gravier ou à un endroit où ont été entassés de la chaux, du fumier, du compost ou des résidus de cultures. Si l'échantillonnage est effectué dans un champ où l'on a épandu de l'engrais par labour en bandes, prélever une carotte à l'intérieur de la zone labourée pour deux à trois carottes à l'extérieur de cette zone.

Émietter les carottes de sol et les mélanger soigneusement avant d’en envoyer un échantillon au laboratoire d’analyse. Comme le laboratoire n’utilise qu’environ 2 mL de chaque échantillon pour faire l’analyse, un échantillon bien mélangé donnera des résultats plus précis. Remplir un sac de plastique avec approximativement 500 g de sol et placer le sac dans une boîte. Veiller à y inscrire clairement tous les renseignements utiles (numéro d’échantillon, nom de l’exploitation, date, etc.)

Interprétation des résultats 

Les résultats d'analyse de sol sont généralement indiqués en parties par million (ppm), ce qui représente un milligramme d'élément nutritif extrait pour chaque kilogramme de sol. Il est également possible d'estimer la valeur en livres par acre. Par exemple, les valeurs des analyses de sol pour NO3-N et NH4+N peuvent être converties en livres par acre d'azote utilisable en multipliant les résultats de l'analyse par 4 lorsque la profondeur de l'échantillon est d'un pied (12 pouces). Pour une profondeur d'échantillonnage de 15 cm (6 po), on multiplie les ppm rapportés par 2 pour estimer les livres par acre. L'autre point concernant les ppm d'éléments nutritifs rapportés est de mettre en évidence les équivalents d'engrais. Par exemple, une valeur de 180 ppm de K dans une analyse de sol = 360 lb/acre de K échangeable dans les six premiers pouces du sol = 360 x 1,21 = 436 lb de K2O/acre [le facteur de conversion de la potasse élémentaire (K) en potassium (K₂O) est de 1,21]. C'est pourquoi une valeur de 180 ppm obtenue dans le cadre d'une analyse de sol indique qu'il n'est pas nécessaire d'ajouter de l'engrais K; il y en a suffisamment dans le sol.

Il n'existe pas de formulaire uniforme de rapport d'analyse de sol, car les résultats et les analyses peuvent varier selon le laboratoire. Les laboratoires accrédités par le MAAARO fournissent les valeurs d'analyse reconnues par le MAAARO (sur demande) pour l'azote, le phosphate, la potasse, le magnésium, le zinc et le manganèse, ainsi qu'un code d'efficacité et une recommandation  en matière d'engrais (habituellement en lb/ac). Des recommandations sont également fournies quand à la quantité et au type de chaux à appliquer, le cas échéant. Le code indique la probabilité de l'efficacité à la suite de l'application du fertilisant en question (par exemple, EE signifie que l'efficacité à la suite de l'ajout de cet élément nutritif est élevée puisque la valeur de l'analyse du sol est relativement faible). 

Les doses de fertilisants recommandées par le MAAARO se trouvent dans la publication 363F, Recommandations pour les cultures légumières, dans les sections consacrées aux différentes cultures, qui demeurera accessible jusqu'à la parution de la publication 839F (Guide pratique sur les cultures légumières en Ontario) en 2024. À condition qu’elles s’accompagnent de techniques culturales qui sont bonnes ou supérieures à la moyenne, ces doses doivent normalement permettre un rendement économique optimal.

Les recommandations de fertilisation établies par le laboratoire doivent tenir compte de la culture envisagée, des épandages de fumier ou de l’enfouissement d’un engrais vert de légumineuses. Ces renseignements sont indispensables à l’établissement de recommandations valables. Il faut absolument corriger les doses recommandées, surtout dans le cas de l’azote et du phosphore, s’il y a eu épandage de fumier/d'amendement organique ou enfouissement d’un engrais vert.